27 septembre 2006

salon de lievin


(photo (c) Philippe Halvick : Catherine Dufour et moi-même en plein travail de documentation :-))

Ce weekend, donc, j'étais invitée au festival du livre de SF de Lievin, et ma foi ce fut royal. Organisé par le Lion's CLub, fréquenté par un public chaleureux et ouvert, le salon alliait romans, BD et cinema. J'y ai retrouvé ma complice Catherine Dufour, dont je recommande vivement le dernier roman ("Le goût de l'immortalité", éditions Mnémos, prix Rosny 2006), ainsi que Xavier Mauméjean (La Vénus Anatomique, Car je suis légions...), Johan Héliot, Philippe Halvick, Michel Robert, Charlotte Bousquet, Jess Kaan et j'en passe (voir dans les billets précédents le lien officiel du salon).
J'ai également rencontré le sympthique Gine, auteur de BD, avec lequel j'ai eu une discussion fort intéressante lors du dîner d'ouverture vendredi soir, concernant nos approches de l'écriture respectives.
Un weekend épuisant mais très réussi dont je garderai un excellent souvenir. Encore bravo et merci aux organisateurs.

20 septembre 2006

Citation du jour : que je vous fracasse !


"- Léandre! as-tu dit? Oh! ne répète pas ce nom exécrable et exécré, ou je vais, de male rage, décrocher le soleil, éborgner la lune, et, prenant la terre par les bouts de son essieu, la secouer de façon à produire un cataclysme diluvial comme celui de Noé ou d'Ogygès. Faire à ma barbe la cour à Isabelle, la dame de mes pensées! damnable godelureau, ruffian patibulaire, galantin de sac et de corde, où es-tu, que je te fende les naseaux, que je t'écrive des croix sur la figure, que je t'embroche, que je te larde, que je te crible, que je t'effondre, que je te désentraille, que je te piétine, que je te jette au bûcher et disperse tes cendres? Si tu paraissais pendant le paroxysme de ma fureur, le tonnerre de mes narines suffirait à t'envoyer au delà des mondes parmi les feux élémentaires; je te lancerais si haut que tu ne retomberais jamais. Marcher sur mes brisées, je frémis moi-même à l'idée de ce qu'une pareille audace peut amener de maux et de désastres sur la pauvre humanité. Je ne saurais punir dignement un tel crime sans fracasser du coup la planète. Léandre rival de Matamore! Par Mahom et Tervagant! Les mots épouvantés reculent et se refusent à venir exprimer une pareille énormité. On ne peut les joindre ensemble; ils hurlent quand on les prend au collet pour les rapprocher, car ils savent qu'ils auraient affaire à moi s'ils se permettaient cette licence. D'ores et en avant Léandre, ô ma langue! pardon de te faire prononcer ce nom infâme, peut se considérer comme défunt et aller lui-même commander son monument au tailleur de pierre, si toutefois j'ai la magnanimité de lui accorder les honneurs de la sépulture."

ah ! ce Theophile Gautier ! (soupir d'aise...)

17 septembre 2006

DEDICACES : LIEVIN 23 et 24 septembre 06


ce festival a acquis une excellente réputation lors de son édition 2005, et, je suis ravie d'y être invitée (encore que je vais rater celui de Cidre & Dragon, auquel me conviait Puk (le Johnny Lang des terribles Naheulbeuk) . La semaine dernière j'étais à Bellaing, ce petit village dans la banlieue de Valencienne où se déroulait dix jours plus tôt la Convention de SF. Un festival médiéval fort réussi mais peu propice aux livres... Cette fois, avec Lievin, ce sera différent puisque c'est à la fois dédié aux livres et à l'imaginaire...

j'espère néanmoins que mes billets de train arriveront à temps : il paraît qu'ils sont dans la nature depuis plus d'une semaine :-/

Chapitre du jour : il touche le fond mais creuse encore ;-)

Voici les premières lignes du chapitre sur lequel je suis en train de bosser.
La scène va conditionner tout le vécu futur de ce personnage que les lecteurs du tome 1 connaissent déjà (Christophel, c'est le petit garçon du comte Martial, que ce dernier confia à la garde de Duncan d'Irah pour le soustraire aux violences de sa mère, la garce Hoelun. Ici, nous nous trouvons bien des années plus tard. Duncan est mort, et l'adolescent vient de participer à sa première bataille aux côtés du régent d'Irah, Thorvald. Poursuivi (ou poursuivant) par l'un des lycanthropes , il s'est éloigné de ses compagnons, et a été mordu. Méroë, la mère de Duncan, observe la scène depuis les îles Levantines, l'avant-poste du multivers magique que les lecteurs des 3 volumes de la Chronique Insulaire connaissent bien.
Consciente du rôle déterminant que devra tenir Christophel pour le devenir d'Irah, la vieille prêtresse demande au dragon Bromatofiel d'intervenir et de le sauver...
"L’épouvante avait reflué d’un coup.
Christophel gisait dans la boue kurstanaise, les bras en croix, et rien ne le tourmentait plus. Au-dessus de lui, les ramées dansaient lentement, et le ciel d’encre, tout emperlé d’étoiles, semblait tourner sur lui-même. Un mince écheveau de coton masqua un instant la lune avant de se déchirer et de disparaître. Une froidure inexplicable s’était glissée dans ses veines, neutralisant toute souffrance et toute inquiétude. Il ne pensait pas à sa mort prochaine, il ne pensait pas à ce qu’il risquait si par malheur il venait à survivre à cette morsure : seule la vision du firmament l’absorbait, apaisante.
Ce qu’il avait d’abord pris pour un petit nuage décomposé s’étira et se contorsionna, tremblant sous les assauts du vent nocturne, s’accrochant aux épingles de diamant pour s’abîmer sur le crochet lunaire. L’écuyer ne cilla pas lorsque le voile cotonneux prit la forme d’une tarasque ailée au long cou de cygne et à la queue serpentine. « Un ange, mon roi ! un ange vient à moi ! » s’écria-t-il en silence, les yeux pleins de larmes, tandis que la forme encore diaphane descendait sur lui.

PARUTION :UN CIGARE DR WATSON ?

sortie de "Un cigare , Watson ? " (SF, nouvelle holmèsienne), Réplique 2006 (recueil de nouvelles édité à  l'occasion de la 33è Convention nationale française de SF, Bellaing, ISBN 2-914590-02-4)

SANG D'IRAH 2 : une gestation difficile

En ce moment, je rame pour terminer le dernier volet de mon cycle consacré aux chroniques insulaires. Il est vrai qu'après une bonne dizaine d'années passée sur ces terres, j'éprouve quelques difficultés à (m')en sortir...
J'avais bien cru y parvenir avec le dernier tome de La Chronique Insulaire, "Le roi repenti", mais voilà que les lecteurs m'ont piégée, et que je cédai à la tentation en me lançant dans l'écriture - ou plutôt la réécriture, puisque ce roman fut mon tout premier récit - des aventures du roi Duncan d'Irah.
Duncan...
Ce personnage me hante et m'accompagne depuis toujours, et voilà qu'après avoir relaté son histoire "après" sa mort, puis étalé sa vie au grand jour (il n'aurait pas aimé, encore que d'une certaine façon, c'est lui qui la dicte) dans Sang d'Irah, une longue existence de lutte et d'amours sanguines, il est toujours, toujours, toujours là.
Pourtant, il était mort, rien qu'un de ces souvenirs idéalisés qui vous accompagnent et vous soutiennent dans les moments difficiles, comme des refuges, des protecteurs sereins omniprésents, omnipotents, héroïques et doux...
Et voilà, qui n'a pas tenté l'aventure ne peut pas se douter de la perfidie du traquenard dans lequel je me suis fourrée en consacrant deux ans au premier volet de Sang d'Irah, la préquelle de la Chronique Insulaire...
Raconter les faits et gestes d'un personnage tel que celui-là, forcément, c'était raconter ses compagnons, ses amours, ses ennemis, ses enfants... Le montrer de chair et d'os, loin de la statue érigée en sa mémoire dans la trilogie d'origine.
Et donc laisser le monde démuni, vidé, ahuri mais pourtant réel, à sa mort
Et moi, dans tout cela ?
Je me retrouve comme Akhéris, le petit-fils maudit de Duncan, héros de l'Echiquier d'Einär, écrasé par son ombre superbe de son vivant, puis par sa légende après sa disparition : perdue. L'envie d'en finir, d'explorer d'autres lieux, d'autres atmosphères, de me libérer de cette emprise terrible.
Mais aussi, le syndrôme de Pénélope : je détricote, sans arrêt. Quoi ? quitter ces gens que j'aime, quoi qu'ils aient fait, les abandonner... Les laisser m'abandonner... Pour aller où ? Peut-être ne suis-je pas capable d'écrire autre chose ? Et cependant, il y a ces projets qui me taraudent depuis des mois, qui m'obsèdent, et je sais bien que je ne pourrai pas m'y consacrer tant que je n'en aurai pas terminé avec Irah...
Ainsi, je lutte toute seule, face à ces démons-là. Ce n'est pas facile de partager ce sentiment de peur, de frustration, et de chagrin latent qui m'étreint face à ce tome ultime et me laisse un goût de deuil, déjà, alors que j'approche de la fin...
Ce sentiment-là, tous ces paradoxes qui entourent mon travail (*) en ce moment, vont bien au-delà des angoisses existentielles liées à l'écriture elle-même, d'habitude. C'est une expérience nouvelle, pour moi. Je sais qu'elle est en train d'enrichir, de magnifier les interlignes de ce roman grave et violent que sera L'ETENDARD EN LAMBEAUX, le 2e et dernier volet de SANG D'IRAH, mais sans jeu de mot facile, c'est avec mon sang, avec mes tripes que ce texte aura été écrit, pour clore un cycle qui aura animé toute ma jeunesse :
J'ai conçu Irah vers 15 ans. J'en aurai bientôt 38. (*) dans le sens noble du terme, en référence à la maïeutique notamment...

Prehambule : pénélopinades


Comment démarre-t-on un blog…? Ma foi je n’en sais rien. C’est d’ailleurs assez drôle, puisque cela nous ramène à une question que je connais bien, pour me la poser régulièrement ou me l’entendre poser : « comment démarre-t-on un roman ».
Or donc, autant y aller franchement, sans pinailler, et déclarer, péremptoire : OYEZ OYEZ, CECI EST MON BLOG A MOI TOUTE SEULE, SOYEZ LES BIENVENUS ITOU ITOU…
Pourquoi me lancer dans cette aventure, quand j’ai déjà si peu de temps à consacrer à mon activité principale, nécessaire, incontournable, despotique, l’écriture ? eh bé… parce qu’à l’instar de l’écriture, justement, je n’ai aucune volonté, et une grande curiosité. Les blogs, on m’en rabat les oreilles depuis un moment.
D’abord, il y a eu l’atelier d’écriture que j’anime depuis des années dans le collège où je travaille : l’an dernier, abandonnant le site qui nous servait de base et de vitrine, je me laissai convaincre par le groupe (de la 6e à la 3e) et créai pour eux le blog des écrivains en herbe. Pratique, interactif, il nous permit toute l’année durant d’archiver nos (leurs) travaux, mes (leurs) commentaires et corrections, nos suggestions… L’essai ne me déplut pas, dans le cadre de l’atelier.
Mais bon… Entrer dans le cercle sans cesse plus élargi des auteurs créant leur blog, journal en ligne qu’il faudrait alimenter (par quoi ?) régulièrement, c’était une autre affaire, et aujourd’hui encore, je reste circonspecte… Depuis près de dix ans, j’ai mon propre site, et ce mode de fonctionnement me satisfait tout à fait. Il me permet de parler de mon travail, d’être en relation privilégiée avec mes lecteurs, de les tenir au courant, etc. c’est aussi un espace de liberté incomparable pour quelqu’un de créatif. Pour bavarder, il y a les listes de discussion et les forums.
Vint alors une autre étape… Ce weekend, j’étais en dédicace dans le nord, à Bellaing (j’en parlerai plus loin), en compagnie d’Irène Delse, qui a publié récemment son premier roman. Nous avons un peu discuté et elle m’a expliqué que son blog lui a beaucoup servi pour promouvoir son roman. Je reste dubitative, mais après réflexion, étant donné l’engouement pour ce nouveau média, j’imagine qu’effectivement, cela peut être le cas. Pourquoi dubitative ? parce que je me demande si le fait d’attirer des visiteurs par le biais d’un support en vogue va les inciter à lire un roman (et avant cela à se le procurer), alors que ce même support, pompeusement intitulé par la presse « blog d’auteur », n’est rien d’autre qu’un journal et de pensées du jour… Ce dont je me sens tout aussi incapable que je le suis de lire ceux des autres…
Alors, que faire ? Parler de moi ? aucun intérêt.
Parler de mes romans ? exercice difficile, et relativement égocentrique qui risquerait d’avoir l’effet contraire de celui désiré… Par ailleurs, mon site, ainsi que celui de mon éditeur (www. Nestiveqnen.com) sont là pour cela. Bref, me voici bien ennuyée…
Et dans ce cas, vers qui se tourner ? Ma muse à moi, ma mienne, ma douce, ma chère…
Nuit, toute en bleus, en échos, en odeurs, en silences, en torpeur…
Je l’écoute, elle me parle, elle me dicte depuis tant d’années déjà…
Bonne conseillère, la voici qui me murmure…
« Eh, ma Claire… Un journal, celui de ton écriture, celui de cette périlleuse escalade à laquelle tu te livres nuitée après nuitée, seule face aux doutes, aux angoisses, aux découvertes, aux tâtonnements, aux mystères, aux rebondissements, aux voyages, aux hallucinations, aux putschs de personnages… Claire mon petit, et si ce blog, il s’appelait « pénélopinades » ? »
Oui, Pénélope de l’imaginaire, je veux bien journaliser en public la genèse d’un roman, le mien, le prochain…