30 avril 2007

Politique : attention liberticide en vue !


Bon, normalement je ne fais pas de politique. La dernière fois que j'ai pris position en public c'était pour participer à la pétition contre Le Pen, aux dernières élections.

cette fois, c'est plus insidieux mais ça ne m'inquiète pas moins. D'ailleurs, je sais que certains de mes proches se sont laissés bernés par les beaux discours démagos qu'on nous offre, et ne se rendent pas compte de ce que cela cache (et qui se cache de moins en moins d'ailleurs, ce qui me glace encore plus le sang.). Pour exemple, ce communiqué :

Communiqué de la Maison des Ecrivains:

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Dans le journal gratuit “20 minutes” du 16 avril, figure une interview de Nicolas Sarkozy. Entre autres sujets, il y parle de l’université et prend pour exemple de filière inutile, et qui ne devrait plus être prise en charge par les fonds publics, l’enseignement de la “littérature ancienne” :

« Vous vous fixez comme objectif de ne laisser aucun enfant sortir du système scolaire sans qualification. Comment comptez-vous parvenir à cet objectif ? Par exemple dans les universités, chacun choisira sa filière, mais l’Etat n’est pas obligé de financer les filières qui conduisent au chômage. L’Etat financera davantage de places dans les filières qui proposent des emplois, que dans des filières où on a 5000 étudiants pour 250 places.

Si je veux faire littérature ancienne, je devrais financer mes études ? Vous avez le droit de faire littérature ancienne, mais le contribuable n’a pas forcément à payer vos études de littérature ancienne si au bout il y a 1000 étudiants pour deux places. Les universités auront davantage d’argent pour créer des filières dans l’informatique, dans les mathématiques, dans les sciences économiques. Le plaisir de la connaissance est formidable mais l’Etat doit se préoccuper d’abord de la réussite professionnelle des jeunes. »

http://www.20minutes.fr/article/151848/20070416-France-Le-Pen-ne-m-interesse-pas-son-electorat-si.php



Ne prenons pas à la légère ces déclarations du candidat de l’UMP. Pour lui, l’Etat n’a pas à assumer le prix de la culture.

Son jugement sur le « plaisir de la connaissance », opposé à l’utilité ou à la rentabilité érigées en principe politique, manifeste une ignorance et un mépris dangereux qui menacent le socle de toute société démocratique. Il avertit les artistes et les penseurs, nous écrivains, en particulier, du sort qu’il réserve à la culture, la littérature au premier chef, et à leur transmission par l’Education nationale

Tous les chefs d’Etat, jusqu’ici : Charles De Gaulle, Georges Pompidou, François Mitterrand comme Jacques Chirac ont, chacun à leur manière, exprimé leur attachement à l’héritage intellectuel et artistique qui fonde l’identité française. Ils ont écrit, se sont revendiqués de la poésie, du roman, de l’art.

Dans le contexte déjà alarmant que dénonce notre Appel Filières littéraires, une mort annoncée ?, la gravité de cette déclaration ne peut nous laisser d’illusions. Elle engage la communauté littéraire et éducative à se mobiliser.

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et ce n'est pas le pire.
moi, je ne veux pas vivre dans une France où on a le choix entre Sainte-Sego la menteuse Démago , et Sarkozy 1er, si sûr de lui et de ses appuis qu'il n'a même plus à cacher ses projets liberticides (c'est pour notre bien, car il nous aime, pas vrai ?)
je ne veux pas vivre dans un pays où je suis obligée de choisir le moins pire pour échapper aux extrêmes, et aux extrêmes des extrêmes.
et ça me fait chier grave, parce que depuis toujours je prône aux ados dont j'ai la charge qu'il ne faut pas se plaindre, car on vit dans le pays le plus libre et démocratique du monde.

28 avril 2007

Les songes de Tulà : J... J + ?

argh et re-argh ! ce que je redoute à chaque fois que je suis en train de terminer un roman est arrivé ! je me suis fait putschée par l'un de mes personnages...
je n'ai aucune volonté...
du coup, j'ai pris du retard, je dois revenir un peu en amont, détricoter, remailler...

en plus, pour ne rien arranger, il fait beau, les zoziaux chantent, les amis me sollicitent sans arrêt pour aller manger un bout ou boire un verre en terrasse...

Tiens, hier soir, dîner super sympa aux Lilas avec des lecteurs, Jacques Sirgent (spécialiste des vampires) et quelques auteurs des éditions Nuit d'Avril dont Emmanuelle Maia dont j'ai beaucoup aimé le roman "Resurgences"...

bon, je vais me fustiger sévèrement et me remettre au travail, saperlipopette !

21 avril 2007

Mots de lecteurs : ça fait du bien par où ça passe


message lu ce matin sur le forum psychovision.com (lien en cliquant sur le titre ci-dessus), signé Roanne

"Je l'ai terminé cette nuit (3h30 du matin, de mieux en mieux, c'est quoi ces écrivains qui rendent leurs lecteurs insomniaques, non mais je vous jure ?).
C'est une superbe fresque, très prenante, avec des personnes aux destinées et aux caractères impressionnants, finements retranscrits. Pas de bons ou de méchants ici, rien de manichéens, et c'est bien ce qui me plait. Même dans leurs pires actes, le persos ont leurs raisons d'agir, tout à tout émouvants, pathétiques, convainquants, passionnés, autant de destins qui se percutent pour le meilleur et le pire, plongeant parfois les êtres qui leurs sont le plus chers au bord de la folie ou de la mort. Sans même parler des véritables chocs culturels, par exemple lors de l'apparition de Nicolas, puis de son retour avec des idées 'modernes' qui ne peuvent trouver échos à Nopalep, qui n'a pas évolué depuis des siècles. C'est bien ce que nous décrit l'auteur, une île continent qui sort de son inertie, ce qui entraîne la chûte prévisibles de civilisations entières ou de mode de fonctionnement. Elle a superbement rendu, à mon avis, la mélancolie de ces personnages qui prennent conscience qu'avec leur fin c'est un mode entier de croyances et de coutumes qui périclyte.
Et au milieu il reste Duncan, droit et entier, homme d'un autre âge qui pousse l'admiration même chez ses ennemis.
Note pour l'auteur : je ne sais que répondre à la question que tu m'as posée en dédicace sur le roman lors du salon du livre de Paris... J'avoue que le personnage de Sail est particulièrement "grand", se dépassant et se consumant par amour des siens, mais tous sont si bien cernés et 'disséqués' que j'ai éprouvé un réel plaisir à les suivre, même lorsque leurs décisions étaient réellement contestables. Tous ont leurs forces et leurs faiblesses, ce qui les rend à la fois attachants et répugnants. Une belle galerie de personnages !"


et un autre sur le forum de raxxon http://www.raxxon.com/Forum/viewtopic.php?p=52665&sid=6e5ff8073b22943838184796772d1124

20 avril 2007

Les songes de Tulà : J-3

Le rythme s'accélère, la fin approche, l'intrigue se dénoue... Et je me rassure. Je tiendrais les délais malgré cette année folle-folle qui a rendu mon écriture cahotique.
Allons allons...
Je m'accorderai juste le break électoral de dimanche pour aller respirer ailleurs après avoir voté (eh oui, je suis du matin, je n'attendrai pas 18h, moi...) avant de conclure mon pacte avec Quetzalcoàtl lundi ou mardi prochains.
Ensuite, j'aurai tout le mois de mai pour repasser ma copie, traquer les fioritures inutiles, les tics habituels, lisser l'ensemble, rajouter un peu de vie aux dialogues, le boulot habituel avant de passer la main au big boss...
J'ai hâte d'en avoir terminé pour pouvoir me remettre à mes textes en cours, laissés en plan l'an dernier...

19 avril 2007

PROCHAINE DEDICACE : 23 JUIN à VENDOME

Structure organisatrice :
Association Imaginaire en Loir-et-Cher

Partenaires :
Librairie Page 10/2 (Vendôme)
Librairie Faëries (Tours)

Concours de nouvelles :
• Jusqu’au 30 avril, les adolescents de la 4ème à la terminale doivent écrire la suite d’un texte fantastique écrit par Hervé Jubert, écrivain jeunesse (remise des prix le 23 juin)

Exposition :
• Du 18 au 30 juin, exposition des œuvres de Philippe Caza à la bibliothèque de Vendôme, parc Ronsard

Cinéma :
• Vendredi 22 juin, 14 h, projection du film Gandahar, dessins de Ph. Caza, au cinéma Le Ronsard de Vendôme ;
• Vendredi 22 juin, 20h, projection du film Le labyrinthe de Pan (3 Oscars) de Guillermo del Toro, en version originale (espagnol) au cinéma Le Ronsard de Vendôme

Conférence :
• Vendredi 22 juin, 20h30, conférence sur les risques climatiques entre Didier Paillard, climatologue au CNRS, Philippe Caza, et un écrivain de science-fiction, à la Salle des Fêtes de Fréteval

Dédicaces :
• Samedi 23 juin de 10h à 19h, dédicaces, rencontres et jeux avec une vingtaine d’invités écrivains et illustrateurs sous le marché couvert de Vendôme

Spectacle :
• Samedi 23 juin, 20h30, Histoires de fées : contes et histoires par Pierre Dubois, elficologue aux Greniers de l’Abbaye de Vendôme.


Renseignements : 02.54.67.01.83
imaginaireenloiretcher@laposte.net

18 avril 2007

Les songes de Tulà : compte à rebours... J-5

si je m'en tiens à mon planning actuel, le roman sera bouclé dans 5 jours, et je commencerai les corrections lundi.

ouh !

c'est la dernière ligne droite, je tourne un peu autour, mais tout est limpide, les derniers passages sont clairs dans ma tête et se couchent assez docilement sur le clavier de mon fidèle macbook.

à suivre...

Citations du jour : Bergson, Sartre, les autres et la création littéraire



Ah si c'était vrai !
L'écriture, n'a besoin ni de labels, ni de formatage, ni de signalétique pour folâtrer librement face à un lectorat enfin laissé à la joyeuse autonomie de son choix !
Madeleine Chapsal


L'écriture est une délivrance qui, phrase après phrase, mot après mot, devient un esclavage.Alain BOSQUET (Le verbe est un navire. Paris, Éditions du Rocher, 1998, p. 198)



Celui qui est sûr, absolument sûr, d’avoir produit une œuvre viable et durable, celui-là n’a plus que faire de l’éloge et se sent au dessus de la gloire parce qu’il est créateur, parce qu’il le sait et parce que la joie qu’il en éprouve est une joie divine. Si donc dans tous les domaines, le triomphe de la vie est la création, ne peut-on supposer que la vie humaine a sa raison d’être dans une création qui peut, à la différence de celle de l’artiste et du savant, se poursuivre à tout moment chez tous les hommes : la création de soi par soi, l’agrandissement de la personnalité par un effort qui tire beaucoup de peu, quelque chose de rien et ajoute sans cesse à ce qu’il y avait de richesse dans le monde”.H. BERGSON


L’écrivain, qu’il le veuille ou non, est un homme engagé dans l’univers du langage.
Nommer, c’est faire exister, disait Sartre dans La Responsabilité de l’écrivain (conférence à la Sorbonne, 1946). Ecrire, nommer, c’est changer, transformer. L’activité littéraire est donc éminemment – et forcément – une expérience de la liberté. Cette liberté étant concrète, elle varie suivant les époques. L’analyse de Sartre incite à prolonger la réflexion sur la situation contemporaine. La responsabilité de l’écrivain, c’est cela : l’écrivain est engagé dans son rapport au langage. Nommer n’est pas innocent. Nommer, c’est choisir. La justification de l’acte d’écrire se trouve dans cette conscience de l’engagement, qui est aussi postulation de liberté, de liberté concrète.
L’écrivain est un homme libre qui s’adresse à d’autres hommes libres. Que cette liberté soit opprimée, ou que l’écrivain choisisse de se réfugier dans l’art pour l’art, et la littérature se fait elle-même oppression, ou simple ornement destiné à conforter la classe dominante. De quoi doit parler l’écrivain ? se demande Sartre et pourquoi de ceci plutôt que de cela ? « Pourquoi veux-tu changer la manière dont sont faits les timbres-poste plutôt que la façon dont est traité le Juif dans un pays antisémite ? » Pour Sartre, un livre est un appel à la liberté. Pour que, cinquante ans plus tard, on ne puisse pas dire : « Ils ont vu venir la plus grande catastrophe mondiale et ils se sont tus », il faut que l’écrivain « assume la fonction de perpétuer, dans un monde où la liberté est toujours menacée, l’affirmation de la liberté et l’appel de la liberté ».

Je crois qu'on écrit parce qu’on ne sait rien faire d’autre.Patrick MODIANO (Pourquoi écrivez-vous ? Libération, mars 1985, p. 68)


Ecrire n'est-ce pas se lever au milieu de la nuit, parmi les choses réelles et irréelles, proches et étrangères, aller jusqu'au bout de sa folie, troubler le sommeil des gisants, annoncer l'aube ?Jean SULIVAN (Consolation de la nuit. Paris, Gallimard, 1968, p. 117)


Qu'est-ce qu'un écrivain ? C'est quelqu'un qui ne sait pas son métier, ou du moins qui s'efforce de faire toujours ce qu'il ne sait pas.Madeleine CHAPSAL (Les écrivains en personne. Paris, René Julliard / Union Générale d'Editions, 1973, p.5)


Le fou d'écriture rêve d'être une ombre pour épouser l'eau. De cette union, naissent les livres.Edmond JABES (Le livre des questions, I. Paris, Gallimard, 1988, p. 87)


J’écris pour la même raison que je respire, parce que si je ne le faisais pas, je mourrais.Isaac ASIMOV (Pourquoi écrivez-vous ? Libération, mars 1985, p. 47
)

Réflexions désabusées d'un auteur, à méditer...

Je viens de lire ces quelques lignes signées Christian Grenier, et comme je les partage pour l'essentiel, je relaye...


Noosfère, 18 avril 2007, Christian Grenier :

Censure... suite !

Aujourd’hui, on l’aura compris ( lire la niouzeletter de mars 2007 ), la censure la plus insidieuse semble être celle que s’imposent les auteurs ! S’ils veulent être publiés, ils évitent les sujets qui dérangent ; malgré leurs qualités, certains récits sont rejetés par les éditeurs parce qu’ils ont peu de chances d’être vendus !
Ainsi, mon roman Ecoland, dans une version longue destinée à l’origine à un lectorat adulte, a fait l’objet, il y a vingt ans d’un rapport de lecture ( de la part d’un éditeur trop connu pour que je le mentionne ici ! ) qui s’achevait par la phrase : « votre roman est fort et très original ; ce sont ces deux raisons qui nous empêchent actuellement de le publier. »
Etonnant, non ?

Que veulent publier les éditeurs ?

C’est hélas la question que se posent des auteurs avant d’entreprendre la moindre écriture. Ainsi, mon camarade Eric Sanvoisin, qui aime le fantastique et la SF, me confiait, très dépité, pendant le récent Salon de Lamballe :
— Désormais, face à plusieurs refus successifs, je n’envoie plus de manuscrits spontanés. Avant de rédiger quoi que ce soit, je téléphone à l’éditeur pour savoir si le sujet de mon futur ouvrage lui convient !
Autrefois, les éditeurs prenaient des risques. Ils publiaient parfois des textes en confiant à l’auteur :
— Votre roman a peu de chances de se vendre ( ou encore : « les commerciaux n’y croient pas »... ou encore : « les représentants ne feront pas la promotion d’un tel ouvrage » ). Mais tant pis ! Nous aimons beaucoup ce récit et nous le publions... on verra bien !
De façon inattendue, le succès était au rendez-vous, preuve que le goût des lecteurs est heureusement imprévisible.
Qui aurait cru, il y a trente ans, dans l’avenir de romans comme La guerre des poireaux ? Ou, il y a quinze ans, dans celui de Coups de théâtre ou du Pianiste sans visage ( la musique classique ! Pour des jeunes ! ) ?


Aujourd’hui, peu d’éditeurs se lancent dans l’inconnu. Il y a quelque temps, face à la vente décevante de certains de mes romans de SF, une jeune directrice littéraire m’a déclaré :
— Pourquoi n’écrivez-vous pas des histoires de sorcières ? De monstres ou de dragons ? Il suffit que l’un de ces mots figure sur le titre de l’ouvrage pour que les ventes décollent !

Que veulent lire les lecteurs ?

Cette question, ce sont surtout... les éditeurs qui se la posent ! Le plus terrifiant, c’est que la plupart ont une idée précise de ce que les lecteurs attendent ; ils ont donc, face à des manuscrits, une lecture spontanément orientée vers ce qu’ils croient que les lecteurs aimeront.
C’est évidemment – à mes yeux – terrifiant !
Il est vrai que les lecteurs me font parfois des reproches : ils attendaient une autre conclusion, ils jugent le roman inachevé, ils sont déçus par tel ou tel aspect du livre, ils auraient aimé...
Je leur déclare alors de façon très provocatrice :
— Stop ! Je n’écris pas pour vous faire plaisir. Je ne cherche pas à raconter des histoires susceptibles de vous séduire. J’écris pour proposer des univers, des réflexions. J’écris pour partager mes angoisses, mes espoirs, mes convictions. J’écris pour soumettre des questions qui m’obsèdent. Le plus souvent sans livrer de réponse. Mon espoir est que les lecteurs y trouvent un écho, quitte à ce qu’ils soient surpris, déçus, décontenancés. Je n’écris pas pour plaire mais plutôt pour déranger...

Des propositions de corrections et/ou... d’amélioration !

Il y a trente-cinq ans, la plupart de mes manuscrits étaient publiés sans qu’on y change une virgule ! Aucun de mes ouvrages destinés aux adultes n’a fait l’objet de la moindre modification de la part d’un directeur littéraire, ni mes essais Jeunesse et science-fiction ( 1972 ), La SF ? J’aime ! ( 1981 ), La science-fiction, lectures d’avenir ? ( 1993 ) ou le récent La SF à l’usage de ceux qui ne l’aiment pas. Mes ouvrages de fiction Auteur auteur imposteur ( Denoël, 1990 ) ou Partir pour Edena ( L’Atalante, 2000 ) sont sortis sans aucune retouche !
La Machination, en 1972, a été, sur la suggestion de la directrice littéraire Marie-Hélène About, amputée d’une seule phrase : une comparaison entre mon héros Lionel Kancel et le fameux « Hollandais Volant » de Richard Wagner, condamné à errer éternellement sur l’océan, une référence littéraire et musicale qui aurait passé au-dessus de la tête des lecteurs de douze ans.
Trois ans plus tard, toujours aux Presses de la Cité, face à mon manuscrit Le Satellite venu d’ailleurs, la même éditrice m’a confié :
— Le comité de lecture juge que le journal intime du vieil astronome est un peu long. Pourriez-vous lui consacrer moins de place ?
J’ai révisé ma copie. Deux mois plus tard, très naïvement, Marie-Hlène About m’apprenait :
— Les rapports de lecture sont excellents ! Mais la majorité déplore que le journal intime du vieil astronome soit trop court. Pourriez-vous le développer un peu ?


J’ai redonné ma première version... et c’est encore celle-ci qui est republiée ( chez Milan-Poche )... après des ventes régulières, soit 32 ans de rééditions !
Mais voilà... depuis quelques années, tout particulièrement dans le domaine jeunesse, les demandes de modifications semblent de plus en plus importantes, comme s’il s’agissait de proposer un récit « sur mesure ».
Un temps, je me suis remis en cause : après tout, me disais-je, c’est probablement ta qualité littéraire qui baisse ! Sans doute écrivais-tu mieux autrefois !
Et puis ( faut-il s’en rassurer ? ), je me suis aperçu que la pratique devenait plus que courante : elle se généralisait ! Pour des raisons qui semblent parfois très étranges à l’auteur.

Obéir à l’éditeur, refuser... ou tricher ?

Pour ma part, je suis toujours attentif aux remarques et aux suggestions des éditeurs ou/et de leurs lecteurs. Il arrive qu’elles soient pertinentes : tel passage est long, ou trop complexe : j’ai ainsi définitivement amputé trois pages d’analyse psychologique dans Le cœur en abîme. D’autres fois, je frise le clash : le directeur littéraire d’Hachette Jeunesse voulait obstinément que je retire le dernier paragraphe de Virus LIV 3 ou La mort des livres. J’ai refusé, au risque de ne jamais voir l’ouvrage sortir. De la même façon, un peu plus tard, j’ai refusé de sauver la vie d’un de mes personnages de Un amour d’éternité, la directrice littéraire souhaitait que je modifie complètement la fin de mon ouvrage... ce qui lui retirait tout son sens !
D’autres fois, je contourne la difficulté, avec l’impression que devaient avoir les auteurs des « pays totalitaires » contraints d’avancer masqués ! Etrange, dans un pays où la liberté d’expression semble régner...

Une réécriture parfois longue.

Un auteur sort rarement indemne d’une réécriture forcée, surtout quand il a l’impression qu’elle n’a pour objectif que servir « le cœur de cible ».
De plus en plus, je consacre davantage de temps à la réécriture qu’à la rédaction d’origine.
Les lecteurs me demandent souvent :
— Comment faites-vous pour trouver des idées ?
Ou :
— Combien de temps mettez-vous pour écrire un livre ?
La vérité est hélas ailleurs : les idées ( du moins en ce qui me concerne ) ne sont jamais un problème. Le problème, c’est de disposer de temps, de liberté pour écrire. D’être dans un état d’esprit serein, de se sentir suffisamment dynamique et motivé pour le faire...
L’écriture est le plus souvent un plaisir. Revoir soi-même sa copie est à la fois indispensable et difficile. Mais quand il s’agit d’obéir à des injonctions ou à des conseils qui semblent mal justifiés ou peu convaincants, c’est terrible ! Car on y consacre alors énormément de temps... et l’on n’est pas toujours content du résultat !
Au fait, je me demande si je suis pas en train de livrer aux lecteurs des secrets qu’ils devraient ignorer. Ces révélations et réflexions ne seraient-elles pas dangereuses à dévoiler ?


le site de Christian Grenier : http://www.noosfere.com/grenier/

16 avril 2007

Les grands esprits se rencontrent... au Mexique

Tiens, on vient de me signaler que R.E. Howard évoquait lui aussi Teotihuacan (lieu où se déroule mon roman de fantasy historique "Les Songes de Tulà"), dans l'une de ses lettres publiées dans le courrier des lecteurs de "Weird Tales", publiée dans le numéro de janvier 1931 :

"I was particularly fascinated by the poem by Alice l'Anson in the latest issue", writes Robert E. Howard from his home in Texas. "The writer must surely live in Mexico, for I believe that only one familiar with that ancient land could so reflect the slumbering soul of prehistoric Aztec-land as she has done. There is a difference in a poem written on some subject by one afar off and a poem written on the same subject by one familiar with the very heart of that subject. I have put it very clumsily, but Teotihuacan breathes the cultural essence, spirit and soul of Mexico." [Mr Howard is right: Alice l'Anson, author of the poem Teotihuacan, lives in Mexico City. - The Editors. ]






merci à mon ami Fabrice Tortey, et à Rusty Burke, éminents spécialistes de REH, pour les documents et l'info.

14 avril 2007

PRODUCTIVITE

Chouette semaine de vacances : pratiquement terminé mon roman, écrit une nouvelle, bouclé ma participation à une préface, bouclé une interview, fait le grand ménage, bougé les meubles, bu un coup avec des potes, retrouvé une amie d'enfance, acheté un smartphone, et regardé quelques dvd divers et variés.

pourvu que la 2e semaine soit aussi productive et apaisante, parce que la rentrée sera rude : dernière ligne droite avant le bac pour mes lycéennes, deux grosses réunions en famille qui ne manqueront pas de raviver l'absence obsédante de mon père, mon manuscrit à boucler et corriger (avec l'attente du verdict qui va avec) etc..

et, les éléctions.

09 avril 2007

News diverses

Marc Bailly m'a interviewée au salon du livre de Paris pour la revue Phénix, à paraître...

Comme je l'ai annoncé il y a quelques jours, le conservateur du fond français de la bibliothèque nationale va ouvrir un fond à mon nom où figureront mes manuscrits, carnets, annotations, cartes, pour sang d'Irah et la chronique insulaire. Je vais lui envoyer tout cela prochainement, avec, pour l'Echiquier d'Einär et Sang d'Irah, les versions intègrales (tous les passages qui ont été coupés, dont les fameuses 60 pages manquantes de Sang d'Irah).

J'ai participé à une table ronde qui était rectangulaire, ce dimanche 8 avril 2007 à Mons (Belgique), avec Stan Nichols, sur l'influence de Tolkien sur la fantasy moderne. Débat fort intéressant...

COMPTE-RENDU FESTIVALS

photo (c) Sylvie Miller




Il est des périodes où rien ne va, où l'on a du chagrin, où la météo est devenue folle, où les collègues de travail méritent plus de baffes que les élèves, où l'on est triste, où l'on resterait bien sous sa couette, et où l'on ne pense qu'à dormir, ne plus se réveiller...

Heureusement, j'ai un atout de taille, une sorte de joker qui sauve à tous les coups :

non, ce n'est pas l'écriture... Elle, c'est ma soeur de déprime, ma soupape, ma squizo perfide.

(photo (c) Mélanie Fazi)

non, c'est mieux que ça : les amis.

Et des amis, j'en ai beaucoup. Des vieux amis, qui savent vous porter et vous dérider en toutes circonstances. De ces vieux frangins de longue date, ceux qui partagent, qui savent, qui ont aussi leurs galères, mais à qui on n'a pas besoin d'en parler, parce qu'on se comprend, et qu'on sait que ce qui compte, quand on est ensemble, c'est de refaire le monde, de faire des pieds-de-nez au monde et aux cons qui le peuplent, c'est de délirer, de savoir reconnaître dans les bizarreries qui nous entourent ces petits riens qui vont vous stimuler, vous faire rire, vous faire réfléchir, vous donner des idées saugrenues...

Ces 4 dernières semaines, bien que j'aie dû annuler deux séances de dédicace parce que j'étais trop mal, j'ai participé à 3 salons.

MOURMELON (Dampierre en Champagne), qui m'a permis de rencontrer des auteurs jeunesse, de retrouver le dynamique et achtement sympathique Philippe Halvick (l'un des rares qui soit capable de prendre une photo de moi où j'ai une figure humaine, celle qui illustre ce blog), et de papoter avec de nouveaux lecteurs, et leurs parents (je salue ici la maman de Quentin, qui se reconnaîtra si elle repasse sur ce blog, et que j'embrasse fort. M'ame, vous ne vous en rendez pas compte, mais votre enthousiasme et votre gentillesse, c'est quelque chose ! j'espère que le concert des Naheulbeuk, samedi soir, vous aura plu, vous que j'ai retrouvée à Mons 3 semaines plus tard !)

LE SALON DU LIVRE DE PARIS : incontournable rendez-vous annuel qui me permet de retrouver ma deuxième famille, les Nesti.

et ce weekend, TROLLS & LEGENDES, à Mons (Belgique) : comment décrire le plaisir de retrouver la chaleureuse amitié de Philippe Ward, écrivain et grand manitou des éditions Rivière Blanche; celle de Sylvie Miller (voir photo), qui repértorie avec la rigueur qui la caractèrise les cyclotronnesques dérives de notre triste monde. Ces deux-là vont sortir prochainement un recueil de nouvelles écrites à 4 mains, j'aurai l'occasion d'en recauser. Qui d'autre ? Jérôme "Globullllle" Lamarque (un L ? deux L ? rien que pour le faire râler je ne trancherai pas), calme réfléchi et grand ami qui tempère tout et sait si bien relire mes premiers jets... Laurent Whale (bon lui, c'est un gredin, et en plus il écrit de la SF. Mais j'ai le droit d'aimer les gredins aussi), Mélanie Fazi (heureusement pour les autres, elle écrit peu, parce qu'elle écrit si bien, ses textes sont si forts et denses, que la concurrence en deviendrait insupportable :-)) et l'inénarrable Hystrion, Christophe Besly, dont les avis sont la plupart du temps plus que justes. Et comment évoquer tout le monde ? Michel Borderie, Alain le Bussy, Denis Labbé...

(photo (c) ActuSF: Sylvie Miller, Mélanie Fazi, Philippe Ward et moi)


lors de ces festivals, les batteries se rechargent. On n'y va pas pour vendre des bouquins. On y va pour retrouver les potes, je viens de le dire, mais surtout pour rencontrer les lecteurs. C'est réconfortant, rassurant, régénérant. Indescriptible. Bien sûr, il y a la satisfaction de faire découvrir à des inconnus, dans l'espoir qu'ils aimeront et voudront bien lire la suite. Mais avant tout, il y a les retrouvailles. Ces lecteurs qui font le déplacement pour vous seriner : "alors, quand sortira le dernier tome ?", pour vous expliquer qu'ils ont été touchés par votre travail, ou pour se jeter sur les tomes qu'ils n'ont pas réussi à dégotter en librairie (putain de diffuseur !). Ceux qui passent juste pour vous saluer, avec un petit "celui-là, j'ai beaucoup aimé" et qui n'en disent pas plus, aussi intimidés que vous.

(photo (c) ActuSF : Mélanie Fazi et moi)

et puis il y a des rencontres, émouvantes, avec des "pointures", et cette réalité qui se confirme à chaque fois : ce weekend, j'ai rencontré Alan Lee et Stan Nichols, immenses, humbles, adorables... alors que je connais tant et tant de soi-disant auteurs (un volume publié chez Tartempion, peu ou pas du tout distribué, et qu se donnent de l'existence sur les forums ou autres blogs) qui se la racontent, et qui sont odieux de bêtise, de prétention et de mythomanie.

Ah...
photo (c) Sylvie Miller

Il est des périodes où rien ne va, où l'on a du chagrin, où la météo est devenue folle, et dans ces périodes-là, ça fait du bien de sortir de chez soi, de chausser ses bottes d'auteur en vadrouille, de partir à l'assaut des festivals bruyants, surpeuplés, où vous avez soit trop chaud, soit trop froid, où on vous donne de la bière quand vous rêvez d'un café, où vous ruminez que vous préféreriez être dans votre lit, alors qu'au fond, il n'y a rien de meilleur que ces dédicaces, ces délires, ces discussions, ces embrassades, ces clins d'oeil, ces ragots, ces échanges pleins de chaleur.

Merci à tous

et un spécial merci à Valérie Frances et à son équipe : ce festival Trolls et Légendes 2007 fut une réussite de plus, et j'en garderai un souvenir vivifiant.

02 avril 2007

Festival Trolls & Légendes, Mons, 7 et 8 mars 2007




Je serai en dédicace ce weekend au festival Trolls & Legendes, à Mons, Belgique.

Gardant un souvenir enthousiaste de ma précédente participation à cet événement (ils sont chouettes, les Belges : chaleureux, sympas, accueillants... et leur bière à elle seule vaut le détours), je suis très contente d'y être à nouveau invitée.




Ce sera ma dernière séance de dédicace avant l'automne. J'ai annulé les autres, pour me concentrer sur mes manuscrits en cours qui ont pris pas mal de retard : 2006 avait été difficile, 2007 a mal commencé, il est temps que je fasse la nique aux aléas et me concentre sur mon travail.

Ce weekend, après avoir fait le point, j'ai constaté avec plaisir que mon roman maya était quasi terminé. Encore une quinzaine de jours, voire 3 semaines pour la relecture, et je pourrai l'envoyer à mon dir de collection.
Lui et moi sommes d'ailleurs tombés d'accord pour le titre, mais chut... Il est encore trop tôt pour le dévoiler.

Ainsi, je pourrai me remettre à SANG D'IRAH 2 : L'ETENDARD EN LAMBEAUX dès cet été. Deux mois de travail et ce sera enfin terminé. Enfin... Je l'espère, car je n'ai jamais vécu autant de difficultés avec un roman. Mon deuil récent ne va pas faciliter les choses, puisque les personnages vivent la même chose avec le décès de Duncan d'Irah. Mais boucler ce cycle me fera du bien.

Ensuite, RRRRRHHAAAAAAAAAAAA ! je pourrai enfin me consacrer à ce projet de roman fantastique sur Paris qui me tarabuste depuis... depuis... Ouh la la ! déjà 5 bonnes années !