21 décembre 2006
CRITIQUE : "L'échiquier d'Einar", par Psychovision.com
BON, BEN AVEC DES CRITIQUES COMME CELLE-CI, ON A LES CHEVILLES QUI ENFLENT PENDANT 5MN, PUIS UNE GROSSE BOULE DANS LA GORGE... ON SE TOURNE VERS LE MANUSCRIT EN COURS, ET ON SE DIT : POURVU QUE JE SOIS A LA HAUTEUR !
vient de tomber sur le site psychovison.com qui avait déjà été drôlement sympa avec Sang d'Irah :
Il y a chez Claire Panier-Alix un peu de Homère, un peu de Tolkien, un peu de McCaffrey, mais il y a surtout beaucoup de talent, énormément de talent ! Peut-on résumer en quelques phrases l’Odyssée, en quelques mots Le seigneur des Anneaux et en si peu de temps le cycle de Pern ? Je pense, pour ma part, que c’est impossible, d’abord parce que cela ne rendrait pas hommage à ces auteurs et surtout parce que cela serait un pari bien trop difficile à tenir. Et comme, de plus, je ne suis pas vraiment joueur même si j’ai pris plus de plaisir en une semaine de partie d’Echec en tête à tête avec le dieu Einar que ce que je pourrais en avoir avec n’importe quel autre jeu, je ne me lancerais jamais dans cette aventure condamnée à l’échec.
Me voilà donc face à un problème. J’ai finis la lecture de ces nombreuses pages en l’espace d’une semaine et lorsque je me remémore toutes les contrées traversées, toutes les créatures affrontées, tous les sorts évités, j’ai l’impression que j’ai dans la tête plusieurs tomes. C’est vous dire la densité de cette œuvre.
Il me faut donc en bon chroniqueur vous donner envie de lire ce livre que j’ai adoré, vous donner envie de plonger à votre tour dans ces aventures fabuleuses et de découvrir un style grandiose.
Je pourrais commencer ainsi : Claire Panier-Alix est à mon sens, peut-être, l’auteur de fantasy de langue francophone la plus talentueuse que je connaisse. Cela suffirait-il à vous rendre compte de l’ampleur de son travail, de la force de son style tantôt poétique, tantôt au contraire très concret quand elle vous plonge au cœur des batailles et des mythes ? Non, certainement pas.
Alors tentons de synthétiser cette somme, ce chef-d’œuvre, qui m’a fait renouer à vie avec un genre : la fantasy !
L’échiquier d’Einar commence ainsi : un vieil homme, un vieux roi, Duncan d’Irah va être malgré lui la pièce d’un jeu vaste jeu d’échec, le début d’une partie qui s’étendra sur plusieurs années et qui verra grand nombres de protagonistes entrer dans l’histoire des chroniques insulaires. Le joueur, qui bouge ses pions comme le destin guide nos actions, c’est le Dieu qui rêve, le dieu Einar, frère de Wilfriend, Dieu chevauchant un dragon, grand maître des chevaliers ailés.
Mais voilà, depuis que Belthem, Déesse jalouse un peu sorcière, à jeté un sort sur la cité de Raffya, la ville volante où vivaient il y a des années de cela les dragons et Wilfriend, les grands ailés sont endormis à jamais et le monde des Dieux sommeille et le monde des hommes guerroie, en lutte contre le sorcier Guiderod.
Mais dans ce monde chaque chose a sa place, chaque personne a un destin à accomplir. C’est le cas de Duncan d’Irah, roi condamné à l’immortalité qui finira par s’endormir sous la forme d’un souvenir dans la plaine du dragon. Car dans le monde de Clair Panier-Alix, on ne meurt pas vraiment et l’immortalité, comme chez les vampires, est un poids, un fardeau lourd à porter.
Et peu à peu, sans que l’on sache pourquoi, Einar, Dieu rêveur et joueur, fait entrer dans la partie d’autres personnages et les événements se bousculent dans une réaction en chaîne habilement menée, jusqu’à un final grandiose dans lequel on comprend mieux les motivations d’Einar et dans lequel on se rend compte combien l’homme n’est qu’un petit pion dans la marche du destin.
Dès le début de ce roman souffle un air épique, fait de batailles (les premières pages du roman montrent Duncan d’Irah dévastant une armée de « zombies »), de tourments et d’amour contrariées. Comme dans toutes les grandes épopées, comme dans tous les grands mythes, il y a des envolées lyriques, des femmes ensorcelantes, des créatures étranges (licornes, faunes, dragons, magiciens, sorciers, etc.) et des voyages époustouflants.
La structure du roman n’est pas constituée d’une quête ou d’un affrontement entre le bien et le mal. C’est bien plus que cela. Après que Duncan se soit retiré apparaît son petit fils, Akheris. Mais l’auteure ne se contente pas de nous décrire un jeune homme beau, fort qui s’en va délivrer une princesse endormie. Arkheris est un personnage trouble, un traître, un homme condamné au remord et à l’errance. Et pourtant, il va être entraîné dans une aventure et il s’alliera aux pires des puissances et aux plus belles des forces, tentant avec toute l’énergie du désespoir de sauver sa bien aimé qui repose endormie pour ce qui semble être une éternité dans un cercueil de verre. Belle image qui nous rappelle l’un des contes de notre enfance !
Mais autour d’Arkheris cohabitent d’autres personnages tous aussi attachants les uns que les autres, tous ayant une importance, une aventure. Quand je vous avais dit que ce roman était vaste !! Et rien que là, je n’ai résumé qu’une partie du livre. Je ne veux pas non plus tout vous dire mais ce qui est sûr c’est que l’on s’ennuie pas tant les actions sont hautes en couleurs, la trame de l’histoire originale et les personnages attachants. Il y a du conte chez Claire Panier-Alix, il y a des mythes, des héros inoubliables, il y a un film en cinémascope dolby surround. Pour moi l’un des plus grands auteurs. Car le tout est soutenu par un style époustouflant, imagé et simple, poétique et émouvant, un style bien à part.
Si le roman pose la question du destin, du rôle des dieux dont le réveil se fait attendre, c’est aussi un roman sur l’amour, la solitude, la question du devoir.
L’aspect le plus troublant dans l’œuvre de Claire Panier-Alix, c’est la créature du dragon. Ici le dragon n’est pas un méchant cracheur de feu, pas un gardien de trésor, il est un Dieu, un conseiller et un ami. Une créature qui exige des devoirs et qui offre une force : la plaine du dragon. Dans cette plaine du dragon, nous pouvons voir nos amis décédés, nous pouvons nous reposer et communiquer par télépathie avec la créature. Un bon moyen pour rompre sa solitude, et même pour Arkheris d’expier ses fautes passées. Mais la plaine du dragon est aussi le lieu où vivent les héros morts.
Le roman développe donc énormément cette thématique du dragon et l’on peut même assister à la naissance d’un bébé, au réveil de dizaines de dragons et à la renaissance de l’ordre des chevaliers du grand ailé. Autant de passages épiques, émouvants, violents même et d’une rare beauté.
Chaque page de l’échiquier d’Einar est une aventure, soit faite de larmes et de douleur, soit faite de grandiose et de poésie, mais toujours maîtrisée de main de maître par une auteure, une très grande auteure !
Je ne vous dit rien sur la fin de ce sublime roman mais de nouveaux personnages émergent et l’on comprend mieux le pourquoi et le comment, on comprend mieux Einar ce Dieu qui se joue des hommes et qui dresse la toile du destin. Un suspens sublime, un finale génial pour un roman qui est devenu pour moi, et en peu de temps, mon nouveau livre de chevet.
Claire Panier-Alix est une grande dame de la fantasy, et son Echiquier D’Einar est d’ores et déjà un grand classique à placer aux côtés des plus grands. Une œuvre dont on ressort bousculé, ému et qui reste à jamais gravé dans nos mémoires. A lire à tout prix.
10/10
Source : http://bd-livres.psychovision.net/punbb/viewtopic.php?pid=3200#p3200
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