14 janvier 2007

CINEMA : APOCALYPTO = SPOILER... DE RIRE



hello

attention, spoiler éhonté...

je reviens donc du cinema où j'ai fait mon devoir en complétant ma documentation maya, et j'en ai appris de belles

je passe sur les détails (du genre des guerriers-jaguars vêtus comme des indiens d'amazonie... ou si vous péférez avec des dessous de Sumo, en tout cas pas avec le pagne ou la tunique de jaguar et la coiffe du même animal, aucun signe non plus de l'insigne-chouette cher à cet ordre; l'usage de l'arc (inconnu chez les mayas) ou de mécanismes de pièges dignes d'un film d'indiana jones (les mayas se caractérisent pas une absence totale d'ingéniosité matérielle, paradoxale par rapport à leur savoir mathématique, architectural, astronomique... qualités absentes dans le film)


je passe aussi sur le massacre du félin : dommage de tuer la seule panthère noire qui ait sans doute jamais foulé une jungle d'amérique centrale ! les cryptozoologues vont devoir se joindre aux archéologues et aux historiens pour râler :-)

d'ailleurs, je suis rassurée, je pars crapahuter là-bas fin février, et ma foi on ne risque pas grand chose dans la jungle (maintenant que les Mayas ont disparu, of course) car la faune est très restreinte : l'unique panthère noire est morte (bon, elle laisse un bébé orphelin, mais il était bien petiot, il n'aura pas survécu), et on n'a vu/entendu que 2 singes (dont un est mort) et 1 perroquet. Et pourtant, les 9/10e du film se passent dans la jungle à cavaler.

Ah si ! j'oubliais ! il y a une grenouille (normal, fallait bien qu'on utilise une sarbacane à un moment donné... vous savez bien, pour Mel, l'Amazonie et le Mexique/Honduras/Guatemala c'est kif kif...)

je passe aussi sur la transformation du jeu de pelote en sorte de balle au prisonnier/criquet, où la balle est remplacée par des javelots, des arcs et des frondes et où un receveur/gardien de but (où le but est l'évasion à travers champs) accueille les survivants en leur explosant le crâne avec un casse-tête



je passe, enfin, sur la résistance toute américaine - nous y sommes habitués - du héros qui passe les 3h du film à cavaler à travers la jungle, d'abord avec une flèche en travers du corps, puis avec le crâne bien entamé par un coup de massue, et enfin avec une 2e flèche au niveau du coeur. Rassurez-vous, à la fin il est en pleine forme, sauve sa petite famille etc...

quoi encore ? les singes qui tombent littéralement du ciel quand on est en train de crever la dalle au fond d'un trou

la capture des hommes et des femmes (qui seront vendues aux enchères !) et l'abandon des enfants sur place alors que c'étaient les sacrifices les plus purs donc les plus efficaces et recherchés (et cela évitait d'avoir à sacrifier ses propres enfants)

la quasi absence des dieux (3 évocations, dont au moins une fausse)

une prophétie d'apocalypse (mais Mel est un chrétien indécrottable) tout à fait contraire au système de pensée des Mayas et des Aztèques pour qui tout était écrit d'avance et se répétait par cycle. La fin du monde était attendue, planifiée, on ne savait simplement pas à la fin de quel katun (cycle) cela devait arriver (sachant que c'était déjà arrivé 4 fois avec re-création du monde). Ainsi, le dernier jour de chaque katun (20 ans) avait lieu un rituel avec sacrifice.

mon Kukulcan (nom maya de Quetzalcoalt mais Mel étant persuadé traiter des Mayas et non des Aztèques, a pris soin, uniquement ici, de respecter l'appelation conforme) est devenu dieu du soleil... Pour un serpent à plume c'est fort, mais Kinich Ahau, Soleil-Jaguar (soleil le jour, et jaguar la nuit pour garder le monde jusqu'à sa régénération) va mal le prendre... et dérégler le calendier si précis et obsessionnel chez les Mayas pour amener notre Mel au plus énooooooooorme...

les faire parler en yucatèque, c'est bien joli, mais l'histoire se déroule-t-elle dans cette région ? pas sure. Par ailleurs, si ça ne gêne pas de suive les sous-titre, un film en vo comme un autre, c'est agaçant de voir la plupart des acteurs articuler au ralenti leurs répliques dans une langue qu'ils ignorent visiblement, ça manque de naturel, on dirait qu'il ont un gros caillou dans la bouche.


aller, je spoile encore ?

bon, vraiment, je ne peux pas résister : le secret de l'apocalypse qui s'est abattu sur les Mayas et a fait disparaître leur civilisation ?
agréablement surprise au moment de l'arrivée à la cité (carrière pour le stuc, esclaves en pleine frénésie de construction, maladie, cultures en piteux état, début de famine... tout ceci poussant à des excès dans les sacrifices aux dieux) me voici stupéfaite, coite, ébaubie, émerveillée par tant de témérité :

non, la civilisation Maya n'a pas péri à cause de tout cela, ni même à cause de bouleversements climatiques ou de révoltes contre les classes dirigeantes
non, les extra-terrestres ni étaient pour rien non plus
non

non !

le film s'achève ni plus ni moins pas l'arrivée de Cortès !

bravo ! dire que lorsque les Aztèques sont arrivés, les Toltèques avaient déjà remplacé les Mayas depuis plus de 3 siècles... (Xè)

et ma foi, en faisant abstraction de ce détail temporel, je crois que ce film est une très belle uchronie : et si Cortès avait effectivement été confronté aux féroces et sanguinaires guerriers que nous découvrons tout au long du film, la conquête aurait-elle été aussi facile et rapide ?

ah


ahhhh !


sur cette fresque (Bonampak), des guerriers mayas (à gauche) contre des ennemis à la peau plus foncée : on voit bien la tenue caractéristique :


et cette statuette représente un soldat maya du Yucatan (or, Gibson ayant choisi de les faire parler yucatèque, je pars du principe que c'est là que ça se passe...)



et je tiens à dire, quand même, que les costumes des nobles, surtout du couple royal, sur la pyramide, sont superbes (bon, les plumes mis à part, elles devraient être longues et colorées, celles de la queue du quetzal sacré, à la place on a du pan marron, bon...)

et aussi que c'est rigolo de voir les prisonniers, à peine arrivés, déjà sacrifiés (c'est mieux quand c'est frais ) à la chaîne (pendant qu'ils arrivent on voit que le travail est déjà en cours, puisqu'une tête est en train de tomber dans l'escalier).
en réalité, cela durait plusieurs jours, des rituels de préparation avant, et aussi distribution de mezcal ou de balche ou autre alcool / drogue aux prisonniers (pour qu'ils ne souffrent pas ou pour qu'ils se comportent "dignement" lors du sacrifice au dieu, comme tu veux tu choises).
dans le film, c'est le prêtre qui est shooté (en plus il fait de la divination dans le coeur arraché, ce qui est débile : ils divinisaient oui, mais pas dans les abats, dans les étoiles...)

Un ami très avisé vient de me dire un truc pas bête (j'ai des amis intelligents) : et si, en définitive, les Américains ne faisaient pas exprès de dire ou faire des âneries comme ces entorses à la vérité, pour susciter la polémique et donc assurer la promo du produit ? en effet, ça n'aurait pas coûté plus cher d'être conforme, au contraire, et cela aurait rendu le film plus attrayant par bien des égards. Mais en aurait-on parlé autant, notamment Outre-Atlantique où il fait scandale ?

bon, moi je m'en retourne à mes plumes de quetzal (et non aux plumes de faisan parfois même pas teintes du film), à ma bibliothèque qui commence à être bien fournie sur le sujet, et je vous salue bien.

2 commentaires:

Anonyme a dit…

Bonjour Claire. J'espère que tu te rappelles de moi : je t'avais tenu la jambe à Rennes pendant deux heures.

J'ai vu hier « Stranger Than Fiction » (stupidement traduit en « L'Incroyable destin de Harold Crick », de qui se moque-t-on ?) et je n'ai pas cessé de penser à ta propre relation avec les personnages de tes romans, et leur relation entre eux (je pense notamment à Jéhor). Le film n'est pas exceptionnel, mais il est intéressé.

Bonne continuation.

Erwan Corre a dit…

Je vous trouve un peu dur dans votre critique, mais le film aura au moins eu ce mérite de faire découvrir ce monde précolombien étrange et peu mis en scène par le cinéma.

Erwan
www.vivamexico.info