Ah si c'était vrai !
L'écriture, n'a besoin ni de labels, ni de formatage, ni de signalétique pour folâtrer librement face à un lectorat enfin laissé à la joyeuse autonomie de son choix !
Madeleine Chapsal
L'écriture est une délivrance qui, phrase après phrase, mot après mot, devient un esclavage.Alain BOSQUET (Le verbe est un navire. Paris, Éditions du Rocher, 1998, p. 198)
“Celui qui est sûr, absolument sûr, d’avoir produit une œuvre viable et durable, celui-là n’a plus que faire de l’éloge et se sent au dessus de la gloire parce qu’il est créateur, parce qu’il le sait et parce que la joie qu’il en éprouve est une joie divine. Si donc dans tous les domaines, le triomphe de la vie est la création, ne peut-on supposer que la vie humaine a sa raison d’être dans une création qui peut, à la différence de celle de l’artiste et du savant, se poursuivre à tout moment chez tous les hommes : la création de soi par soi, l’agrandissement de la personnalité par un effort qui tire beaucoup de peu, quelque chose de rien et ajoute sans cesse à ce qu’il y avait de richesse dans le monde”.H. BERGSON
L’écrivain, qu’il le veuille ou non, est un homme engagé dans l’univers du langage.
Nommer, c’est faire exister, disait Sartre dans La Responsabilité de l’écrivain (conférence à la Sorbonne, 1946). Ecrire, nommer, c’est changer, transformer. L’activité littéraire est donc éminemment – et forcément – une expérience de la liberté. Cette liberté étant concrète, elle varie suivant les époques. L’analyse de Sartre incite à prolonger la réflexion sur la situation contemporaine. La responsabilité de l’écrivain, c’est cela : l’écrivain est engagé dans son rapport au langage. Nommer n’est pas innocent. Nommer, c’est choisir. La justification de l’acte d’écrire se trouve dans cette conscience de l’engagement, qui est aussi postulation de liberté, de liberté concrète.
L’écrivain est un homme libre qui s’adresse à d’autres hommes libres. Que cette liberté soit opprimée, ou que l’écrivain choisisse de se réfugier dans l’art pour l’art, et la littérature se fait elle-même oppression, ou simple ornement destiné à conforter la classe dominante. De quoi doit parler l’écrivain ? se demande Sartre et pourquoi de ceci plutôt que de cela ? « Pourquoi veux-tu changer la manière dont sont faits les timbres-poste plutôt que la façon dont est traité le Juif dans un pays antisémite ? » Pour Sartre, un livre est un appel à la liberté. Pour que, cinquante ans plus tard, on ne puisse pas dire : « Ils ont vu venir la plus grande catastrophe mondiale et ils se sont tus », il faut que l’écrivain « assume la fonction de perpétuer, dans un monde où la liberté est toujours menacée, l’affirmation de la liberté et l’appel de la liberté ».
Je crois qu'on écrit parce qu’on ne sait rien faire d’autre.Patrick MODIANO (Pourquoi écrivez-vous ? Libération, mars 1985, p. 68)
Ecrire n'est-ce pas se lever au milieu de la nuit, parmi les choses réelles et irréelles, proches et étrangères, aller jusqu'au bout de sa folie, troubler le sommeil des gisants, annoncer l'aube ?Jean SULIVAN (Consolation de la nuit. Paris, Gallimard, 1968, p. 117)
Qu'est-ce qu'un écrivain ? C'est quelqu'un qui ne sait pas son métier, ou du moins qui s'efforce de faire toujours ce qu'il ne sait pas.Madeleine CHAPSAL (Les écrivains en personne. Paris, René Julliard / Union Générale d'Editions, 1973, p.5)
Le fou d'écriture rêve d'être une ombre pour épouser l'eau. De cette union, naissent les livres.Edmond JABES (Le livre des questions, I. Paris, Gallimard, 1988, p. 87)
J’écris pour la même raison que je respire, parce que si je ne le faisais pas, je mourrais.Isaac ASIMOV (Pourquoi écrivez-vous ? Libération, mars 1985, p. 47)
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